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© PSV J. Morel

TROIS QUESTIONS À JEAN-FRANÇOIS PIGNON, ARTISTE ÉQUESTRE DE RENOMMÉE INTERNATIONALE

26 October 2022

Vous intervenez tous les jours jusqu’à dimanche sur la Carrière Nikito du Salon Equita Lyon. Qu’allez-vous montrer au public ?

Ma présentation se concentre sur la manière de mettre en place une relation avec le cheval en adoptant un langage pour « parler cheval ». Il n’est pas question ici de dresser l’animal à un exercice, mais simplement de faire en sorte qu’il ait envie d’être avec moi. Le but est de ne pas subir son instinct grégaire qui le pousse à vouloir être avec ses congénères, mais d’essayer de s’en servir. Je vais notamment utiliser la main tendue, ou comment le langage corporel permet de se faire comprendre et de récompenser le cheval quand il accepte de se livrer un peu. Avec ces interventions sur des chevaux que je ne connais pas, j’essaie de montrer une logique implacable : en parlant leur langage je me ferai mieux comprendre d’eux. Un peu comme parler anglais si je me rends en Angleterre ! Parce qu’en utilisant un mode de communication humain, on risque de faire de l’anthropomorphisme et de tomber souvent à côté de la plaque. Par exemple, quand on caresse un cheval en lui donnant des claques sur l’encolure, on ne se demande pas s’il y puise vraiment du bien-être et de la reconnaissance… Il faut donc parler cheval à un cheval pour s’assurer de son bien-être. En rentrant de mon expérience en Patagonie auprès des chevaux sauvages, j’ai eu l’impression de revenir avec un sac à dos rempli de nouvelles choses.

 
Justement, comment est né ce projet de rencontre de chevaux sauvages en Patagonie, qui a donné naissance au documentaire « 40 jours, 4 criollos et du silence », et que vous a-t-il apporté ?

Tout au long de ma vie, j’ai toujours eu envie d’évoluer. Ce n’est pas parce que j’arrive à certaines choses aujourd’hui que j’ai tout vu et que je sais tout. Cet état d’esprit m’a motivé pour avancer. Un jour, je me suis dit que j’aimerais rencontrer des chevaux à l’état sauvage, non habitués aux hommes. Pour partir de zéro avec eux. J’ai été servi puisque là-bas, les chevaux ont toujours été bousculés ou chassés par les gauchos. Deux parmi ceux que j’ai rencontrés ont même été castrés à vif. À leurs yeux, l’homme est donc une personne dont il faut s’écarter… En partant en Patagonie, je pensais connaître les chevaux même si j’imaginais bien avoir quelques lacunes. J’étais persuadé d’aller là-bas pour apprendre des choses, sans savoir quoi exactement. Il y avait une espèce d’énigme autour de cette aventure, mais cela a été au-delà de mes espérances.

 
Concrètement, avez-vous déjà pu observer un changement de comportement de vos propres chevaux en utilisant ce que vous avez appris en Patagonie ?

Ayant trouvé des méthodes de langage avec ces chevaux sauvages, je me suis dit qu’il n’y avait pas de raison que cela ne fonctionne pas sur les miens. Et j’ai clairement déjà observé des changements d’attitude. Par exemple, pour la première fois cette année lors d’un événement d’envergure j’ai pu présenter six spectacles sans utiliser ma chambrière. Quatorze chevaux évoluaient autour de moi et m’écoutaient et j’étais sans chambrière ni stick. Si j’ai encore un peu besoin de l’utiliser de temps en temps, cela se met vraiment en place et je n’ai jamais été aussi près de mon but !